N.U.E.

Cette nouvelle utopie éducative est une utopie qui refuse désormais de suivre la tradition des mouvements d’éducation nouvelle.

De ces mouvements qui se disent « nouveaux » nous retiendrons surtout qu’ils ont introduit dans le débat sur l’éducation une notion qui aujourd’hui semble incontournable : l’épanouissement individuel. Cette notion allant de soi dans la plus part des discours sur l’éducation doit être évincé de l’utopie éducative que nous souhaitons construire aujourd’hui.

L’épanouissement individuel, la réalisation de soi... ces expressions contiennent en elle-même les arguments de leur réfutation. Elle pourrait faire croire que l’acte éducatif n’est pas un acte social et que l’éducatif permet de révéler la quintessence de l’être. L’éducation dite nouvelle, a introduit cette notion d’épanouissement lorsque le discours sur le don a commencé à s’épuiser : l’« idéologie charismatique du don » mise à mal par la sociologie critique a pu trouver refuge dans l’idéologie tout aussi charismatique de la réalisation de soi. Reposant sur les mêmes bases mais remplaçant une morale religieuse où l’on doit faire fructifier ses dons, par le dogme de l’individu épanoui.

Nous pensons qu’objectivement dans un système capitaliste comme le nôtre et son système éducatif, le partage de l’épanouissement n’est pas équitable et que les raisons de se réaliser soi même sont le bien collectif le moins bien partagé.

Dans ce va et vient du collectif à l’individuel qui est sans doute une mauvaise façon de se représenter la société (voir Bourdieu, Elias...) mais qui nous permet de penser l’acte éducatif, le point de départ est collectif, l’ignorer ou l’oublier comme certains chercheurs le font, par là même, invalide leurs travaux.

Notre nouvelle utopie éducative non seulement ne l’oublie pas mais pose comme objectif quasi unique, la promotion collective. Ce que nous devons trouver ce sont les connaissances savantes, les moyens politiques, les dispositifs pédagogiques... une bagatelle.